Appel à communications pour le congrès de l’AFS – Grenoble 2011

RT31 Sociologie du sport et des activités physiques

L’essor de la sociologie du sport conduit à favoriser les échanges entre les chercheurs évoluant dans ce champ mais aussi à leur proposer des discussions avec d’autres sociologues. C’est la raison pour laquelle, le prochain congrès de l’AFS qui se tiendra à Grenoble du 5 au 8 juillet 2011 apparaît comme une opportunité de poursuivre des échanges avec des sociologues travaillant sur d’autres thématiques. Quatre sessions seront donc organisées conjointement avec d’autres Réseaux Thématiques : les discussions entreprises lors du précédent congrès se poursuivront avec nos collègues des RT 1 (« Savoirs, travail, professions ») et avec ceux du RT 19 (« Santé, Médecine, Maladie et Handicap »). Nous échangerons avec les sociologues évoluant dans le RT 3 (« Normes, déviances et réactions sociales ») et avec ceux travaillant au sein du GT 41 (« Corps, technique et société») dont les objets communiquent assez naturellement avec ceux des sociologues du sport.

 

 

Sessions du RT 31

 

Nous souhaitons également prendre au sérieux le thème général du congrès sur l’innovation en lui consacrant une session spécifique. Les notions de création et d’innovation traversent le sport puisqu’elles peuvent être tout aussi bien scientifiques, techniques, technologiques, organisationnelles, juridiques, politiques… Elles sont aussi au cœur de certaines pratiques elles-mêmes. Nous souhaitons discuter ces travaux qui interrogent ces dynamiques sociales à l’œuvre dans le sport. Comment décrire les innovations dans le domaine du sport ? Comment se diffusent-elles ? Ont-elles des difficultés à s’imposer ? Comment sont-elles perçues par les sportifs eux-mêmes, les entraîneurs, les professionnels ou le public ? La modification de certaines règles ou l’introduction d’un matériel nouveau ont souvent fait l’objet de maints débats et controverses. Quels en sont les principaux enjeux et acteurs ? Comment argumentent les protagonistes, comment parviennent-ils ou non à des accords ? Outre l’innovation en matière d’objets de recherche, des communications portant sur l’innovation méthodologique ou paradigmatique en sociologie du sport seront également appréciées.

 

Nous garderons également une session plus généraliste sur la sociologie du sport et des activités physiques. L’appel est très ouvert et les communications peuvent prendre plusieurs formes : une discussion théorique sur la pertinence des différents paradigmes mobilisés pour saisir un objet touchant au sport, à l’EPS ou aux APS (Activités Physiques et Sportives), une mise en perspective socio-historique, un état des lieux sur une question donnée, la présentation d’une enquête permettant de produire de nouvelles connaissances pour la sociologie, une réflexion sur les méthodes.

 

 

Session commune aux RT 31 et RT 1

Innovation et création dans le travail sportif : de quoi et de qui parle-t-on ?

 

Le monde du travail sportif participe de manière emblématique aux logiques de la création et  de l’innovation, ressorts indispensables de la performance (qui peut elle-même d’une certaine façon être perçue comme une innovation : un record est toujours une « première fois »). C’est aussi au monde sportif que les entreprises empruntent certaines manières de concevoir et de désigner les professionnels porteurs de l’innovation : manager, coach… sont des termes qui viennent du vocabulaire sportif.

 

Mais les questionnements que soulève la problématique de l’innovation sont beaucoup plus larges : l’innovation se manifeste dans les transformations de la division du travail, dans l’émergence de nouveaux métiers, dans les configurations mouvantes que dessinent les relations entre divers groupes professionnels  (jeux d’alliances, concurrences, coopérations et conflits de juridiction…). La dynamique des groupes professionnels (féminisation, transformation des propriétés sociales des professionnels) constitue par elle-même un facteur d’innovation, c'est-à-dire de changement dans les manières de pratiquer en professionnel une discipline sportive ou un métier du monde du sport.

On peut alors s’interroger sur la nature et les processus de production et de diffusion de ces innovations professionnelles. Quels sont les mécanismes de régulation à l’œuvre ? Qui en sont les acteurs ? Peut-on concevoir une innovation sans contestation ? Ainsi, la création d’une nouvelle activité professionnelle ou l’évolution d’une activité par la mise en œuvre de nouvelles compétences renvoient-t-elles nécessairement à des conflits de territoires ? On pense notamment dans le monde de la performance sportive à la division du travail opérée autour de l’activité d’entraîneur qui a vu la création et l’institutionnalisation de nouveaux métiers : préparateurs physiques, préparateurs psychologiques… avec aujourd’hui des diplômes mais aussi des revendications de droit à l’exercice émanant d’autres professions comme les psychologues par exemple. Évidemment la haute performance ne détient pas le monopole de l’innovation/création et tous les univers du travail sportifs sont touchés.

 

Dans la continuité, il faut aussi s’interroger sur la question des relations avec les autres mondes professionnels. Nombre de sportifs de haut niveau ou entraîneurs deviennent aujourd’hui des consultants en entreprise. Ils y apprennent l’esprit d’équipe et les recettes du « bon management » à des cadres avides d’enrichir leurs compétences. À l’inverse, les organisations sportives « en pleine professionnalisation » sont de plus en plus tournées vers les activités et les compétences mobilisées par l’entreprise pour être performante. Cette situation ne manque pas de générer des mécanismes de protections et de revendications professionnelles qui renvoient aux modes de régulation en place. De toute évidence, ces processus d’innovation et de création questionnent l’idée de changement sous l’angle de la continuité ou de la rupture.

 

La sélection des communications sera menée de façon conjointe entre les RT 1 et 31.

 

 

Session commune aux RT 31 et RT 3

Normes, déviances et réactions sociales dans le sport

En rapport avec la thématique générale du congrès, cette session commune vise à accueillir des contributions traitant, à partir d’enquêtes menées au sein du monde sportif, de l’innovation dans les formes de déviance, les politiques publiques de gestion de la délinquance et les recherches sociologiques sur ces sujets.

La question des déviances dans le monde sportif mérite d’autant plus l’attention qu’elle est souvent mise en avant médiatiquement tout en étant trop souvent traitée de manière superficielle. On pense ici aux débordements des supporters, aux atteintes volontaires à l’intégrité physique du ou des adversaire(s), au non-respect des règles sportives ou de l’autorité de l’arbitre, ou encore aux diverses formes de discriminations raciales, sexuelles ou religieuses. On pense aussi au dopage qui se caractérise par des « innovations » perpétuelles tant en termes de transgressions que de politiques de lutte contre ces désordres. On pense également, dans un autre ordre d’idées, au thème récurrent de l’intégration sociale par le sport. Ainsi, se pose la question générale du rôle du sport, tant amateur que professionnel, dans la société et du statut de cet espace de libération contrôlée des émotions.

Que nous apprennent les travaux sociologiques récents sur ces questions ? Comment analyser les comportements étiquetés comme déviants au regard des acteurs concernés, des traitements médiatiques et politiques dont ils font l’objet, des réponses juridiques ou judiciaires qui leur sont apportées ? Plus largement, que nous apprennent ces travaux sur la société dans son ensemble quand le monde sportif paraît être un lieu d’expérimentation de nouvelles modalités de prévention sociale ou de contrôle social ? Dans un contexte où les logiques sécuritaires se développent, la focale mise sur le sport peut permettre d’expliciter des enjeux propres à cet espace tout en apportant des points de comparaison instructifs avec d’autres formes de déviances et de régulation sociale.

 

La sélection des communications sera menée de façon conjointe entre les RT 3 et 31.

 

 

Session commune aux RT 31 et RT 19

Sport et santé

 

Les liens entre sport et santé, historiquement comme aujourd’hui, s’organisent au travers de divers espaces et faits sociaux. Aux côtés des complémentarités et des potentialisations entre la pratique du sport et la « bonne santé » coexistent des mises en tension voire des antagonismes de différents ordres (traumatologie, usure physique prématurée, culte totalitaire de la performance, dopage, etc.). Parallèlement, de multiples articulations, en évolution permanente, se tissent entre d’une part les mondes de la médecine et de la pharmacologie, d’autre part ceux du sport « pour tous », pour certaines catégories de personnes (malades chroniques, notamment les enfants obèses, handicapés) ou encore de compétition. Ces questions peuvent donner lieu à des démarches de recherche sociologiques fondées sur une diversité d’angles d’approche et d’objets interrogeant d’une part la gestion de la santé au sein des pratiques sportives, d’autre part l’irruption de la question des activités physiques et sportives dans le champ des pratiques de prévention et d’entretien de la santé. Les contributions attendues pourront se référer à l’un ou à plusieurs des axes mentionnés ci-dessous, ou à d’autres thématiques portées par des travaux achevés ou en cours.

 

- Les politiques publiques sanitaires incluent couramment l'activité physique et les pratiques sportives dans leur champ d'intervention, que ce soit dans une démarche thérapeutique ou de maintien de la santé. On peut citer les plans Nutrition et la lutte contre l’obésité ou la prévention des troubles cardio-vasculaires, mais également la prise en charge des maladies chroniques ou encore les rééducations post-chirurgicale ou post-traumatique. Comment ces usages du sport sont-ils justifiés et à quels fondements médicaux sont-ils rattachés ? Comment sont-ils institutionnalisés et articulés à des logiques de responsabilité individuelle ? Les communications pourront également aborder ces questions à propos de la promotion des pratiques sportives des personnes handicapées.

 

- Les relations entre les institutions et les acteurs de la santé et du sport, leurs fondements organisationnels et cognitifs ou les caractéristiques de leurs univers sociaux respectifs ; les coopérations ou rivalités entre médecins, kinésithérapeutes, professeurs d’EPS, entraîneurs, etc. ;  celles entre associations ou clubs de sport et instances médico-sanitaires ; les passages entre carrières médicales et sportives ou encore la substitution entre professionnels du sport et de la santé encouragée par les politiques médico-économiques de contrôle des dépenses de santé.

 

- La santé des sportifs : la gestion de la performance à travers le recours aux produits psychostimulants ou anabolisants ; l’encadrement et la sanction de ces pratiques et leur contigüité aux problématiques d’usages abusifs ou déviants de médicaments ; les parcours de médicalisation et de sortie de carrière des sportifs ; les débats relatifs aux méfaits du sport et leurs protagonistes.

 

- Les usagers « tout venant » du sport et le rapport au corps et à la santé. Peut-on parler de cartographie socialement différenciée des pratiques sportives et des perceptions de la santé et de la « maintenance » du corps et de ses capacités ?

 

- Le thème de l’innovation, choisi par l’AFS, est au cœur des préoccupations de nombreux acteurs de la santé et du sport. Comment s’effectuent ces connexions ? Dans quelle mesure des thérapies mobilisant des activités physiques peuvent-elles se revendiquer comme innovantes ? Comment collaborent les chercheurs travaillant dans le domaine médical et ceux évoluant dans les sciences de la motricité ? Peut-on décrire l’intérêt croissant des filières STAPS pour la « thématique santé » en termes d’innovation ?

 

La sélection des communications sera menée de façon conjointe entre les RT 19 et 31.

 

 

Session commune aux RT 31 et GT 41

Innovations technologiques et/ou corporelles dans le monde sportif

 

Une session commune sera également organisée entre le GT 41 (« Corps, techniques et société ») et le RT 31 (« Sociologie des activités physiques et sportives »). L’axe directeur de cette collaboration se situera à l’interface des orientations développées par ces deux équipes, tout en cherchant à répondre, dans une optique transversale, à la question des créations et des innovations technologiques et/ou corporelles liées au sport et aux activités physiques.

 

Les communications pourront par exemple porter sur le thème du dopage et de ses nouvelles  formes (qu’elles soient médicamenteuses, génétiques, et même mécaniques ou électriques comme ce fut peut-être récemment le cas en cyclisme), ainsi que sur les nouvelles techniques de dépistage qui en découlent. Les interventions pourront aussi aborder la question des innovations en matière de culture matérielle : l'outil sportif envisagé dans l’évolution des formes et des matériaux, qu’il soit considéré comme prolongement du corps (raquette, perche, épée, etc.) ou comme remplacement d'un membre (nouvelles prothèses de course handisport, etc.). D’autres approches relatives à la question des créations et des innovations pourront enfin être traitées, en rapport avec les attentes transversales d’une telle session commune reliant corps, techniques et APS sous l’angle des sciences sociales.

 

La sélection des communications sera menée de façon conjointe entre les RT 31 et GT 41.

 

 

Modalités de soumission des propositions

 

Les propositions de communication devront indiquer : nom, prénom, adresse électronique, institution d'attache du ou des auteur(s) et session de communication souhaitée (RT 31 seul ou session commune avec un autre RT/GT). Toute proposition doit comporter un résumé court (1 500 signes espaces compris) qui apparaîtra dans les actes du colloque et un résumé long (2 à 3 pages) sur la base duquel seront effectués l’expertise et le choix des communications retenues.

Les propositions devront parvenir au plus tard le 10 janvier 2011, à Patrick Trabal  (ptrabal@u-paris10.fr) en précisant dans le sujet du mail la session souhaitée (RT31, RT31-innovation, RT1-RT31, RT3-RT31, RT19-RT31 ou GT41-RT31).